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Burkina Faso : suspension de TV5 Monde pour 2 semaines

Paris - Publié le lundi 29 avril 2024 à 11 h 35 - n° 332153

La chaîne francophone TV5 Monde est suspendue pour 2 semaines au Burkina Faso pour avoir diffusé un rapport de Human Rights Watch (HRW) accusant l’armée « d’exactions » sur des civils, a annoncé dimanche 28 avril le Conseil supérieur de la communication (CSC) burkinabè. L’Autorité de la communication a également décidé de la « suspension de l’accès aux sites web de TV5 Monde, Deutsche Welle, Ouest-France, Le Monde, Apanews, The Guardian, et AgenceEcofin, à partir du territoire burkinabè et ce jusqu’à nouvel ordre  ».

Pour rappel, le CSC avait déjà annoncé quelques jours plus tôt la suspension temporaire des radios britannique et américaine BBC et Voice of America (VOA) pour la même raison (Satellifacts, 26 avril). Dans son rapport publié le 25 avril, HRW a accusé l’armée burkinabè, aux prises avec les groupes armés jihadistes, d’avoir « exécuté au moins 223 civils », dont au moins 56 enfants, lors de deux attaques dans le nord du pays.

TV5 Monde « s’étonne et déplore la suspension temporaire de ses programmes au Burkina Faso ainsi que la suspension de l’accès à ses sites web, sans avoir été saisie au préalable », a réagi la chaîne dans un communiqué le 29 avril. La chaîne, qui « affirme son attachement à la liberté d’informer en toute indépendance », « tient à préciser que les informations délivrées par sa rédaction l’ont été selon les règles journalistiques les plus rigoureuses et avec les précautions d’usage. Les autorités du Burkina Faso ont pu y exprimer leur point de vue ». 

Le CSC affirme avoir « décelé dans les contenus publiés sur ces différents supports, des déclarations péremptoires et tendancieuses contre l’armée burkinabè, sans précaution aucune », ce qui « constitue une désinformation de nature à porter le discrédit sur l’armée burkinabè ». Dans un communiqué publié samedi 27 avril concernant le rapport de HRW, le ministre burkinabè de la Communication, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a indiqué que « le Burkina Faso rejette et condamne fermement de telles accusations infondées ».  

Ces nouvelles suspensions suivent celles, temporaires ou définitives, prises à l’encontre de plusieurs autres médias étrangers - principalement français - depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022. Le Burkina Faso est dirigé depuis 2022 par un régime militaire issu de deux coups d’Etat, l’un en janvier, l’autre en septembre. Il est confronté depuis 2015 à des violences jihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique qui ont fait quelque 20 000 morts et plus de 2 millions de déplacés internes.

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